Arrêter la boulimie en 5 étapes
Arrêter la boulimie … mais comment ? Tout d’abord, qu’est-ce que la boulimie ? Voici des mots-clés permettant de la définir : crise, ingestion compulsive de nourriture, solitude, vomissements provoqués, remords, honte et perturbation de l’image du corps.
Quelques caractéristiques de la boulimie :
- La boulimie se retrouve plutôt chez les jeunes femmes
- Elle débute souvent durant l’adolescence (entre 11 et 20 ans)
- Elle touche environ 3 % des adolescentes
- Elle se retrouverait dix fois plus les femmes que les hommes
Néanmoins, ces chiffres sont peut-être sous-estimés en raison de la difficulté à détecter la « boulimie avec purge » (vomissements et lavements).
Arrêter la boulimie : description d’une crise boulimique
L’accès boulimique se produit selon un certain scénario :
- Un déclenchement brutal
- Un caractère impérieux
- Un déroulement d’un seul tenant jusqu’au malaise physique ou au vomissement
Durant une crise boulimique a lieu une surconsommation alimentaire incontrôlable au cours de laquelle une grande quantité de nourriture (souvent hypercalorique) est ingérée hâtivement, en cachette, sans pouvoir se limiter.
Les crises sont répétitives, elles surviennent de manière plus ou moins rapprochés (variant d’une à deux par semaine, à plus de quinze fois par jour) parfois sans discontinuité. Elles peuvent durer plusieurs heures. Souvent, elles ont lieu en fin de journée, après le travail/les cours, chez soi (où les provisions sont disponibles), quand on peut s’isoler et être sans témoins. Les patients expliquent se trouver dans l’incapacité de s’arrêter de manger quand ils ont commencé ou consommé un certain aliment. Comme si se propageait un phénomène d’ « emballement ».
Bien que les crises boulimiques se déroulent habituellement chez soi (à l’écart du regard des autres), quand le trouble progresse, la recherche de solitude et la dissimulation peuvent cesser. La fréquence des accès peut augmenter jusqu’à plus de quinze par jour. Cela représente un « état de mal boulimique ».
Arrêter la boulimie : La crise en plusieurs temps
Une crise boulimique se déroule en plusieurs étapes :
Tout d’abord, l’excitation préalable, racontée par les patients comme une impression de faim ou comme de l’angoisse ou de l’irritabilité ou encore un malaise.
Ensuite, le choix de la nourriture. Il présente une opposition entre ce que l’on devrait manger et ce que l’on mange, tant en termes de quantité que de qualité.
- Les aliments plus riches en calories, plus pauvres en protéines, décrits par les patients comme « du sucre », « tout ce qu’il ne faut pas » ou même « tout ce qui est interdit », faisant référence à un régime qui, généralement, n’a d’ailleurs pas été prescrit.
- Les premiers aliments que l’on trouve, les plus faciles à manger et dans les délais les plus courts.
Par ailleurs, la solitude est une constante : personne à la maison ou le patient est seul dans une chambre ou encore dans la rue dans une foule anonyme.
Enfin, le dernier élément : la hâte. C’est elle qui fait manger comme un vorace, à s’en étouffer, en avalant sans mâcher, sans même se rendre compte de ce que l’on mange. Rien ne peut l’arrêter à part le fait qu’il ne reste plus rien ou que l’on n’en puisse plus.
Suite à cela, la crise boulimique peut être accompagnée d’un changement des perceptions, une torpeur semblable à de la dépersonnalisation (sentiment de perte d’identité) associé à de fortes douleurs physiques, en particulier abdominales. La crise entraine un sentiment de malaise, de dégoût de soi, de honte, mais aussi de remords, reproches, culpabilité, impression d’être gros, difforme, « vilain », « monstrueux ».
Une fois la crise terminée, certains regagnent leurs occupations, déprimés. D’autres se regardent dans le miroir, et pleurent. Ce malaise peut être atténué ou même supprimé par les comportements suivants : se coucher et dormir, mais aussi vomir, utiliser des laxatifs, diurétiques, anorexigènes (pouvant conduire à des abus et à de graves complications). Ces derniers revêtent diverses significations : se soulager, retrouver la maîtrise de ses actes ou se punir. Cela facilite la répétition du comportement boulimique.
Arrêter la boulimie : Les vomissements
Se faire vomir après une crise de boulimie est un signe de gravité du trouble et peut entrainer des complications. La plupart du temps, les vomissements sont dissimulés. Ils arrivent soient pendant la crise pour permettre de continuer à manger, soit juste après (avant que les aliments n’atteignent le tube digestif).
Les personnes ayant recours aux vomissements ont également recours au mérycisme (mâchonner les aliments durant une très longue durée avant de finalement les recracher). Cette habitude permet également d’éviter d’absorber les aliments et donc, de prendre du poids.
Le fait de vomir contribue à une illusion de contrôle, de toute-puissance, d’une capacité à ne rien garder dans le corps. Cela peut aussi permettre d’apaiser les angoisses et augmenter l’estime de soi. Néanmoins, un grand nombre de boulimiques ne se font jamais vomir (plus de la moitié).
Certains boulimiques font une distinction le gavage impulsif et la véritable crise boulimique consistant à se « vider » (se faire vomir et utiliser des diurétiques). Ils précisent qu’ils se remplissent uniquement dans le but de se vider : « Je me sens sale avant de manger, je ne mange que pour pouvoir m’épurer de cette saleté. »
Points communs avec l’anorexie
Comme pour l’anorexie mentale, la représentation que la personne se fait de son corps la préoccupe de manière exagérée. Cela peut tourner à l’obsession avec des croyances infondées et une perception faussée. Parfois, alors que l’individu se sent obèse, déformé, son poids est en dessous des normes.
Dans la boulimie comme l’anorexie, les personnes surveillent constamment leur prise de poids et leur alimentation. Ainsi, cette maladie mène rarement à l’obésité. Néanmoins, chez les personnes obèses ou en surcharge pondérale, on peut retrouver des conduites boulimiques.
L’image du corps chez les boulimiques et anorexiques est biaisée. Ces personnes se pensent plus grosses qu’en réalité, portent des jugements durs et infondés sur leurs corps et ont recours à des actes dangereux et contraignants. La monstruosité, l’épaisseur, la difformité semblent être plus des jugements moraux (en lien avec les crises) qu’une perception objective d’elle-même.
Pour en apprendre plus sur l’anorexie mentale (et d’autres troubles), rendez-vous sur le compte Instagram de psytcc_neuropsy !
Arrêter la boulimie : Le déroulé d’une thérapie
La thérapie s’étend sur environ 15 à 20 séances hebdomadaires. Le travail se fait à la fois en séance mais aussi entre les consultations avec des tâches assignées. Ces exercices sont caractéristiques des thérapies comportementales et cognitives, ils représentent la continuité des séances et en augmentent sensiblement les effets. On distingue cinq étapes, elles font suite aux deux ou trois premières séances durant desquelles le psychologue aura évalué les données cliniques et la motivation du patient.
1. Mise en place d’un carnet alimentaire, et suivi hebdomadaire du poids
L’objectif est de faire prendre conscience de son problème au patient et d’identifier les éléments déclencheurs des crises. Il est nécessaire qu’il se rappelle de ce qu’il faisait juste avant sa crise d’hyperphagie et se rappelle ses pensées à ce moment précis pour que le psychologue puisse lui apporter son aide. Par ailleurs, il est recommandé que le patient se pèse une fois par semaine, noter le poids dans le journal et les pensées qui en résultent, afin d’en parler lors de la consultation. Certains patients ne se pèsent jamais (conduite d’évitement) et d’autres le font 5 ou 6 fois par semaine (réassurance).
2. Alimentation rationnelle
Cela passe par l’instauration de normes lors des repas. Par exemple : ne rien faire quand on mange, manger au même endroit, laisser un peu de nourriture dans l’assiette, limiter l’exposition à des aliments « dangereux », etc.
3. Élargissement des choix alimentaires
Il est prioritaire d’éliminer le régime que le patient s’est imposé jusqu’à présent. En effet, celui-ci mène à des crises d’hyperphagie. Il faut également hiérarchiser les aliments que le patient s’interdit, évite. Ensuite, le psychologue proposera de consommer l’un deux chaque semaine en commençant par le groupe le plus facile.
4. Exercices
Dans la première étape, le patient a identifié ses pensées négatives (inscrites dans le journal). Le psychologue va alors l’aider à lui montrer les différents biais cognitifs existants et analyser ceux auxquels il s’identifie le plus.
Suite à cela, le patient va apprendre à mener un dialogue socratique avec lui-même. À l’aide de différentes questions, il réalise que ses pensées sont irréalistes ou exagérées et qu’il faut les changer. Afin d’identifier des pensées, le psychologue peut proposer au patient, entre les séances, divers exercices où le patient devra noter ce qui lui passe par la tête. Par exemple : se regarder dans un miroir, porter des vêtements moulants, etc.
5. Maintien des acquis, et prévention des rechutes
Le psychologue apprend au patient à différencier chute et rechute. Une chute c’est comme s’égarer du chemin mais en y retournant après. Une rechute, c’est prendre une route opposée au chemin tracé. Il est important que le psychologue normalise la chute (elle fait partie du processus de guérison). En revanche, il faut élaborer un plan à suivre avec le patient en cas de rechute.
Arrêter la boulimie avec les thérapies cognitives et comportementales consiste en deux travaux distincts. L’abord comportemental a pour but de changer les habitudes alimentaires, à favoriser les compétences sociales, développer des réponses adaptées aux situations à risques et des capacités à gérer les difficultés du quotidien. L’abord cognitif est utile pour développer et entretenir une motivation au changement, affronter les peurs liées à celui-ci, améliorer l’image et l’estime de soi.
Si vous ressentez le besoin d’entamer ce type de thérapie, vous pouvez prendre rendez-vous au cabinet ou en téléconsultation.